À une époque, la naphtaline, l’eau de Cologne et les haleines de phacochères étaient les seuls parfums que tu sentais entre les bagnoles, que ce soit dans les allées Rétromobile ou sur le béton de Montlhéry.
Ce week-end, j’ai remarqué que les fragrances étaient différentes et rafraîchies. J’ai l’impression que de plus en plus de jeunes se cognent la grimpette de l’avenue Boileau pour venir présenter leurs respectueux hommages à l’autodrome d’Alexandre Lamblin. Et curieusement, ils sont, pour la plupart, dans des tenues que leurs arrière grands parents trouvaient ringardes à l’époque ! Après les hispters, voici le temps des « vintagers ». Les drôles retrouvent des nippes des années 30, se laissent pousser les petites lunettes rondes et lissent leurs charmeuses à la cire. Les Apple Watch sont au placard, place aux tocantes à gousset plongeant dans les poches de gilets. Les cravates sont de retour et les Vans pourront bien attendre le lundi. Outre le fait que c'est tout de même autrement plus sympathique de voir des jeunes femmes ressemblant à celles, délicieuses, qu’on peut voir posant sur les photos jaunies que les grand-mères endimanchées sur un concours de la FFVE. Cette tendance a surtout le mérite de faire ressortir les Rosalie, C4 et autres bourriers. Un temps boudées les caisses carrées reprennent du poil de la bête, les pick-up découpés en 40 roulent à nouveau sans tabou. Effet Peaky Blinders ? Je ne sais pas, en tous cas, tout ça fait les affaires des commerçants qui ont vu le vent venir… Emmaüs est plus tendance que Zara et H&M réunis. Les flacons ne sont pas très restaurés mais « le jus » est le garant de l’authentique. La reconstitution n’en est que meilleure. Les drôles sont aussi de fins organisateurs et pour ceux dont les papas laissent la précieuse auto pour le week-end, il ne reste plus que le Champagne à casquer. Les roots, quant à eux, boivent de la bière dans un vieux bidon de SAE50 et ça fait l’affaire. Les mômes torpillent le tout venant et c’est tant mieux ! Les directions dures comme des huissiers, les boîtes rétives sans synchros et les suspensions souples comme des parpaings ont fini par lasser leurs parents. Mais aux mouflets, ça ne fait pas peur… Ben oui, ils sont jeunes et nous ne le sommes plus, en tout cas plus autant et même si quelques cacochymes dont je suis font de la résistance… Place aux gamins, c’est eux qui nous promènerons demain !
Photos. Julien Lecointe