Mildred ou l'art de se sentir vivant !

Difficile de dire à quel point rouler au volant d’une petite ferraille des années vingt me comble ! Au volant de ces petites usines à frissons, je me sens vivant.

LES BALADES D'IGOR
2 min ⋅ 11/02/2025

Tous les sens sont à l’affut lorsqu’on se tasse les vertèbres dans un petit bourrier comme une Austin Seven de 1926. Avec Mildred, la petite dernière, le conducteur se sent particulièrement à l’étroit dans cette petite caisse carrée, d’autant que le démarreur et la boite de vitesse sont dans l’habitacle eux aussi. Les approximations des jointures du plancher et de la caisse laissent passer tous les parfums d’huile et d’essence, toutes les fragrances liées au fonctionnement de l’engin. Il faut d’ailleurs les cataloguer ces senteurs particulières. Dois-je continuer, couper immédiatement le moteur ou carrément fuir le véhicule à toute hâte avant qu’il ne s’embrase ? Il faut la dompter la petite voiture des années folles, ou plutôt l’apprivoiser. Sa direction dure et directe, son embrayage sorti d’un camion, le coude qui tape dans la vitre quand on veut braquer les roues, c’est toute une gymnastique. La grille de la boite de vitesse est inversée par rapport aux voitures françaises. La première est en bas à droite, la 2e en haut à gauche et la 3e en redescendant sur la gauche… Rentrer les vitesses sans double débrayage est une utopie, insister un sacrilège. Le freinage ? Quel freinage ? La tenue de route a aussi ceci de particulier que la hauteur de caisse à tendance à embarquer la voiture dans les virages. Je dois reconnaître qu’il faut avoir confiance en ses Anges gardiens pour se risquer dans une auto pareille, mais lorsqu’on est lancé, seul, sur les petites routes de campagne sans se préoccuper d’autre chose que d’éviter les trous et les lièvres, la vie paraît tellement belle ! Je redécouvre le relief, il reprend de l’importance quand on ne dispose que de 750 cm3. Entre deux passages de vitesse, je rêve d’allonger le parcours, de ne plus faire de boucles mais tendre une ligne aussi droite que possible en évitant soigneusement le tapage et le monde, les dos d’ânes et les ronds point. Longer les bordures, ni vu, ni connu… S’arrêter juste pour déplier ses guiboles et puisqu’on est arrêté en profiter pour dégoupiller un Saint Amour et taper dans une boite de Lagrèze. Bref, avec cette Austin, je me vois bien filer à l’anglaise.

LES BALADES D'IGOR

Par igor biétry

À propos de l’auteur de Les balades d'Igor …

Journaliste de la locomotion depuis 40 ans en 2024, Igor Biétry oeuvre dans la presse écrite, en radio ainsi qu’à la télévision. Il est une des références en matière et présentation des grands événements de l’auto et de la moto ancienne. Autos, motos, avions, bateaux (et même les chevaux !) font partie de son quotidien de journaliste

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